Benoît XVI : le premier pape démissionnaire, biographie
Joseph Ratzinger, plus connu sous le nom de Benoît XVI, a marqué l'histoire de l'Eglise catholique de ses premiers pas en tant que religieux jusqu'à sa mort, le 31 décembre 2022. Même après, lors de ses obsèques organisées le 5 janvier 2023, celui qui était pape émérite depuis sa renonciation aux missions pontificales en 2013, a fait bouger les lignes avec une cérémonie funéraire inédite et présidée par un pape pour la première fois dans l'histoire du Vatican.
Entré dans les ordres religieux en tant que prêtre en 1951, Joseph Ratzinger s'est pendant des années familiarisé avec les écrits des théologiens et penseurs chrétiens en parallèle de ses études de philosophie et de théologie à l'université de Munich. Des connaissances qui lui ont valu d'être un des grands professeurs et théologiens de l'Eglise toute sa vie. L'homme d'Eglise a progressivement grimpé les échelons au sein de l'institution religieuse : il a été fait archevêque de Munich et de Freising en Allemagne en 1977 et est devenu cardinal la même année. Il a accédé au rang de Doyen du Collège des cardinaux en 2002 et s'est montré très proche du pape Jean-Paul II. A la mort de ce dernier, il a naturellement été élu comme nouveau pape en 2005 et a choisi le nom de Benoît XVI et a dit vouloir dédier son pontificat à "la réconciliation et l'harmonie entre les hommes et les peuples". Elu à la tête de l'Eglise à 78 ans, l'homme a marqué son règne par sa pensée très conservatrice mais a participé à faire bouger des lignes en luttant contre la pédophilie dans l'Eglise.
Biographie courte de Benoît XVI
Né le 16 avril 1927 à Marktl en Bavière de parents fondamentalement opposés au nazisme, c'est de force qu'il a intégré les jeunesses hitlériennes en 1941. Il a ensuite refusé de rejoindre la Waffen-SS en 1944, et a fait part de sa volonté d'intégrer le séminaire. Affecté à la Wehrmacht cette même année et il a déserté peu avant la reddition allemande. Une fuite qui lui a valu d'être interné durant six semaines dans un camp de prisonniers de guerre à Aibling. Une fois libéré, il a commencé sa formation de prêtre et a été ordonné le 29 juin 1951 par le cardinal von Faulhaber. En 1977, il est nommé par le pape Paul VI cardinal-prêtre de Santa Maria Consolatrice al Tiburtino. Théologien reconnu par ses pairs, il a été désigné préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, président de la Commission théologique internationale et de la Commission biblique pontificale par le pape Jean-Paul II en 1981.
Joseph Ratzinger devient le pape Benoît XVI
Joseph Ratzinger a continué son ascension et est devenu cardinal-évêque en 1993. Il est entré au Collège des Cardinaux et en est devenu le doyen en 2002. Le 19 avril 2005, le cardinal Ratzinger a été élu pour succéder à Jean-Paul II, devant le premier pape allemand depuis Victor II, au XIe siècle. Connu pour son conservatisme, le pontificat de Benoît XVI a marqué l'opinion par certaines prises de position. Il s'est notamment opposé au port du préservatif, à l'homosexualité ou à l'avortement. Dans son discours de Ratisbonne en 2006, il a provoqué la polémique en reliant la religion musulmane à la violence. Mais Benoît XVI s'est également illustré pour son combat contre l'antisémitisme et la pédophilie dans son Église.
La démission de Benoît XVI
Après un pontificat de près de huit ans, Benoît XVI a annoncé, le 11 février 2013, renoncer à ses fonctions, ce qui constitue une première dans l'histoire du Vatican. Pour justifier sa démission, le pape Benoît a évoqué sa fatigue et sa vitalité qui s'amenuisaient avec le poids de sa charge et ses nombreux déplacements. Il portait, depuis le jour de sa renonciation officielle, le 28 février 2013, le titre de "Sa Sainteté Benoît XVI, pontife romain émérite". Le pape émérite a vécu le reste de sa vie retiré dans le monastère Mater Ecclesiae, situé dans les jardins de la cité du Vatican. En mars 2013, l'Argentin Jorge Mario Bergoglio lui a succédé sous le nom de pape François. Ce nouveau pontificat plus ouvert tranche considérablement avec celui de Benoît XVI.
La santé de Benoît XVI
Après sa renonciation en 2013 à l'âge de 86 ans, Benoît XVI n'a fait que de rares apparitions officielles, lors de la canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II par exemple. Malgré une santé fragile, il a continué à recevoir des visites et notamment celles de son frère, le prêtre Georg Ratzinger, ainsi que celles du pape François. Le 28 juin 2016, une célébration a été organisée pour ses 65 ans de sacerdoce. Vivant au Vatican, il a fait une apparition lors de la nomination des cardinaux fin août 2022. Le 29 décembre 2022, son successeur, François, a déclaré qu'il était "gravement malade".
La mort de Benoît XVI
L'annonce de la mort du pape émérite Benoît XVI est survenue dans la matinée du 31 décembre 2022, seulement trois jours après l'évocation de la mauvaise santé de l'homme d'Eglise. Le prélat est décédé à 95 ans au Vatican, dans le monastère Ecclesiae. Le Vatican a lui-même annoncé "avec douleur" la disparition du pontife dans un communiqué. Plusieurs chef d'Etat ont rendu hommage à l'ancien chef de l'Eglise tel qu'Emmanuel Macron, Vladimir Poutine ou encore Charles III, souverain du Royaume-Uni et gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre, lequel a salué les "efforts constants" du pape émérite Benoît XVI pour rapprocher les catholiques et les protestants.
Après sa mort, le pape Benoît XVI a été exposé de 2 au 5 janvier 2023 dans son cercueil au cœur de la basilique Saint-Pierre pour permettre aux fidèles de se recueillir avant les funérailles.
Les obsèques de Benoit XVI
Le monde catholique a fait ses adieux au pape émérite Benoît XVI lors d'une cérémonie funéraire sobre mais emplie d'émotions, le 5 janvier 2023. Sur la place Saint-Pierre, devant la basilique éponyme et siège de l'Eglise, le moment a marqué l'histoire du Vatican, car pour la première fois un pape enterrait son prédécesseur. Une situation due à la renonciation du souverain pontife Benoît XVI en 2013 et son remplacement par le pape François en exercice lors des funérailles. Cette particularité a poussé l'Eglise à revoir quelques détails des obsèques pontificales, notamment la lecture de certaines prières qui louent les papes encore en fonction au moment de leur mort. Il n'en reste pas moins que les hommages rendus au pape émérite Benoit XVI sont restés émouvants pour les fidèles. Les funérailles publiques ont duré un peu moins de deux heures et avant le début des célébrations catholiques, les fidèles ont pu se recueillir auprès du cercueil du pape émérite exposé sur la place Saint-Pierre, tôt dans la matinée.
Si le pape François a présidé la cérémonie et s'est vu confier la lecture de l'homélie, c'est le doyen du Collèges des cardinaux Giovanni Battista Re qui a dirigé les obsèques et procédé à la lecture des prières et rites eucharistiques. Après un dernier recueillement dans un silence religieux, le cercueil en cyprès du pape Benoît XVI a rejoint, sous les applaudissements des 40 000 à 50 000 fidèles venus assister à la cérémonie, la crypte vaticane sous la basilique Saint-Pierre. C'est là que les derniers rites se sont tenus à l'abris des regards. Comme le veut la tradition, le premier cercueil a été placé dans une armature en plomb avant d'être recouvert d'un troisième coffre en bois de chêne. Dans cette triple protection, la dépouille du souverain pontife a été placée dans la crypte pour y reposer jusqu'à sa canonisation, comme le pape Jean-Paul II avant lui.