Antigone : biographie du personnage de Sophocle à Jean Anouilh

Antigone : biographie du personnage de Sophocle à Jean Anouilh BIOGRAPHIE ANTIGONE - Du mythe grec à la tragédie de Sophocle, Antigone, fille d'Oedipe, correspond aussi la célèbre pièce de théâtre de Jean Anouilh, jouée sous l'Occupation allemande en 1944.

Biographie courte de Antigone - Le mythe d'Antigone remonte à une des plus anciennes traditions orales de la Grèce antique, la famille du personnage étant citée dans l'Iliade (VIIIe siècle av. J-C). Antigone quant à elle est mentionnée pour la première fois dans la tragédie d'Eschyle "Les Sept contre Thèbes", qui date du Ve siècle avant J.-C. Le dévouement et la résignation d'Antigone ont donné lieu à plusieurs autres tragédies dans la Grèce antique, dont une d'Euripide par exemple. Cependant, celle de Sophocle (441 av. J-C) est la seule qui nous soit parvenue entière. Dans la mythologie grecque, Antigone est la fille d'Œdipe qu'il a eu avec sa propre mère après avoir tué son père, et épousé la reine Jocaste. Naissant d'une relation incestueuse, le destin d'Antigone paraît maudit dès le commencement. Après la mort d'Œdipe en exil à Colone, Antigone retourne à Thèbes sous la gouvernance de son oncle Créon où elle doit épouser le fils de celui-ci Haemon (ou Hémon).

Les frères d'Antigone, Etéocle et Polynice, s'entre-tuent lors de la guerre des Sept Chefs. Créon condamne Polynice traître à la patrie et lui refuse une sépulture décente. Antigone va s'opposer à cette décision enterrant son frère déchu en cachette, sans l'aide de sa sœur Ismène qui refuse d'enfreindre les ordres. Antigone est finalement arrêtée, puis condamnée à être emmurer vivante. Ismène souhaite partager le sort de sa sœur, mais cette dernière refuse, peut-être par orgueil. Créon est averti par le devin Tirésias qu'il doit, sous peine de malédiction, "enterrer les morts et déterrer les vivants". Lorsque Créon vient délivrer sa nièce, Antigone s'est pendue dans le tombeau où elle était enfermée. A la vue de son corps, son fiancé, fils de Créon, se suicide après avoir tenté de tuer son père. Ce qui entraîne le suicide de l'épouse de Créon et mère d'Haemon, nommée Eurydice. En conclusion, les personnages orgueilleux, coupables d'hybris (la démesure, l'un des pires traits de caractère selon les Grecs) sont punis d'une manière ou d'une autre. Seule Ismène semble épargnée.

Antigone, la pièce de théâtre de Jean Anouilh

Jean Anouilh présente sa pièce pour la première fois le 4 février 1944, dans un Paris sous occupation allemande. L'administration nazie valide la pièce. Elle est jouée le 13 février, au théâtre de l'Atelier. C'est une réécriture en un acte seulement de la pièce éponyme de Sophocle, pièce qui a trouvé un écho auprès du dramaturge du fait de la réelle tragédie de la guerre. Anouilh présente sa pièce comme une variation sur le pouvoir et la révolte, notamment après l'assassinat raté de Pierre Laval et Marcel Déat par le résistant Paul Collette le 27 août 1941. Les décors, costumes, ainsi que la mise en scène sont d'André Barsacq, qui choisit un style épuré et moderne. Le roi Créon porte un frac, Antigone et Ismène des robes épurées noire et blanche, les gardes de longs cirés noirs (proche de la Gestapo). Lorsque Paris est libéré en août 1944, les représentations cessent pour reprendre fin septembre. La pièce est alors l'objet d'une polémique quant à la portée résistante ou complaisante au fascisme. Certains voient en Créon l'occupant, ou le maréchal Pétain, puisque l'auteur l'a représenté bien loin du tyran de Sophocle, plutôt comme un homme déchiré entre son devoir et ses sentiments. D'autres voient au contraire un chef d'œuvre mettant en valeur la Résistance française dans le personnage d'Antigone.

Antigone : dates clés

4 février 1944 : Anouilh présente "Antigone"
Rédigée sous l'Occupation, "Antigone" d’Anouilh est mise en scène pour la première fois à Paris. Comme Giraudoux dix ans plus tôt avec "La guerre de Troie n’aura pas lieu" puis "Electre", l’auteur mêle les ressorts de la tragédie grecque à une écriture moderne ponctuée d’anachronismes voulus. Il s’appuie également sur un contexte politique difficile pour mettre en scène un destin dont l’accomplissement est nécessaire. Figure de la résistance, Antigone reste prise dans un enchaînement qui traduit le pessimisme de l’auteur.

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