Pol Pot : biographie courte du dictateur des khmers rouges
BIOGRAPHIE POL POT - Leader des khmers rouges et premier ministre de 1975 à 1979, Pol Pot a mis en place une politique qui engendre la mort de plusieurs millions de personnes. Son vrai nom était Saloth Sar.
Biographie courte de Pol Pot - En 1975, les Khmers rouges prennent le pouvoir au Cambodge, menés par un certain « Pol Pot ». Durant presque quatre années, il dirige dans l’ombre un des régimes les plus meurtriers de l’Histoire, ne révélant son identité que tardivement. Derrière « Frère numéro 1 », principal responsable des 1 à 2 millions de morts de « l’autogénocide » cambodgien, se cachait un certain Saloth Sar, ancien étudiant des bancs de l’université française et descendant d’une famille Sino-Khmer assez aisée.
De la paysannerie cambodgienne au marxisme occidental
Saloth Sar serait né le 19 mai 1928 dans la province de Kampong Thom, au sein d’une famille paysanne plutôt aisée. Il débute son enseignement à Phnom Penh puis ses relations lui permettent d’obtenir une bourse pour peaufiner ses études à Paris. Arrivé en France, il rejoint rapidement des cercles communistes et certainement le PCF. Il y côtoie ses futurs compagnons de lutte et de pouvoir, à l’exemple de Khieu Samphan, Son Sen ou encore Ieng Sary.
Dans la clandestinité
De retour au Cambodge, il rejoint le parti communiste qui s’oppose à la monarchie en place. Du haut de ses 1m64, il grimpe les échelons du parti et se lie avec le pouvoir chinois. Il adopte le nom de Pol Pot et prend le maquis en 1963, près la frontière avec l’Indochine. Au contact des combattants vietnamiens, il apprend l’art de la guerre et l’intérêt de la clandestinité. Cependant, les vietnamiens restent des ennemis aux yeux de Pol Pot, qui partage l’engagement nationaliste de son parti, le PCK (Parti communiste du Kampuchéa). En 1970, la situation change brutalement quand le prince Sihanouk est renversé par le maréchal Lon Nol. Face à ce régime anticommuniste soutenu par la CIA, le PCK s’associe aux royalistes et gagne en puissance.
Les Khmers rouges : un régime meurtrier
Après cinq années de lutte dans un contexte régional rendu chaotique par la guerre du Vietnam, les khmers rouges renversent Lon Nol le 17 avril 1975. Immédiatement, alors que Pol Pot s’empare du pouvoir, les khmers investissent Phnom Penh, ou plutôt la désinvestissent. En effet, assimilant vie urbaine et capitalisme, ils vident les villes de force pour repeupler les campagnes. Soutenus par la Chine, ils lancent une violente campagne de répression contre les partisans de Lon Nol ou du prince Sihanouk, contre les citadins qu’il faut rééduquer comme les intellectuels qu’il faut liquider, et enfin contre les Vietnamiens et les bouddhistes.
Pol Pot ne devient premier ministre qu’un an plus tard, lorsqu’un gouvernement est formé. Au-delà des purges, les décisions politiques sont catastrophiques : souhaitant s’enrichir grâce à l’agriculture, le gouvernement exporte massivement du riz pendant que la population meurt de faim. Les mesures d’irrigation, destinées à tripler la production, sont en effet un échec. De surcroît les populations citadines, affectées à des travaux « forcées », sont victimes des conditions de travail difficiles et d’une recrudescence du paludisme. Tandis que la propriété privée est abolie et que les repas doivent se prendre en commun pour respecter les rations, Phnom Penh accueille le tristement célèbre centre de rétention S-21, prison politique qui séquestre des milliers de personnes dans des conditions abominables.
Retour à la guérilla
En décembre 1978, le Vietnam lance une offensive contre le Cambodge et renverse le gouvernement dès janvier. Pol Pot, condamné à mort par contumace, se réfugie alors en Thaïlande avec les dirigeants khmers rouges qui lui sont fidèles. Ils s’organisent pour mener une guérilla contre l’armée vietnamienne et s’allient à nouveau avec les royalistes et le prince Sihanouk. Pol Pot en quitte la tête en 1985 tout en conservant un rôle majeur. En 1991, Sihanouk signe un accord avec les communistes provietnamiens au pouvoir tandis que la Chine cesse d’apporter son soutien aux khmers rouges. La vie de Pol Pot et la place qu’il occupe dans son parti sont alors mystérieuses. Cependant, bien que malade, il démontre en 1997 sa puissance en faisant exécuter Son Sen, un des ses plus puissants et proches collaborateurs. Mais les cadres khmers, qui esquissent un rapprochement avec le pouvoir en place, se retournent contre lui et l’assignent à résidence à perpétuité. Alors que la communauté internationale, et notamment les Etats-Unis, réclament un procès, "Pol Pot le despote" meurt le 15 avril 1998 d’une crise cardiaque.
Pol Pot : dates clés
- 15 mai 1928 : Naissance dans la province de Kampong Thom, au sein d’une famille paysanne aisée
- 1949 : Part en France étudier la Radio-électricité
- Il fréquente alors les cercles marxistes et rencontre les futurs cadres du PCK, le parti des Khmers rouges.
- 1952 : Retour au Cambodge, sans aucun diplôme
- 1962 : Il est élu à la tête du Parti communiste du Kampuchéa (PCK)
- 1963 : Inquiété par la police du régime monarchique, il entre dans la clandestinité
- 18 mars 1970 : Coup d'Etat au Cambodge
- Le maréchal Lon Nol, soutenu par les États-Unis, renverse la monarchie et instaure un régime militaire au Cambodge. Le contexte régional, dominé par la guerre du Vietnam est alors chaotique. Lon Nol sera chassé du pouvoir par les khmers rouges de Pol Pot cinq ans plus tard.
- 17 avril 1975 : La chute de Phnom Penh
- Les Khmers rouges s'emparent de Phnom Penh, la capitale du Cambodge, et leur chef, Pol Pot, impose un régime dictatorial. Les Khmers rouges sont tenus pour responsables de la mort de près de 2 millions de personnes. Ils seront chassés de Phnom Penh par les forces vietnamiennes en janvier 1979. La guerre civile se poursuivra entre les Khmers rouges et le gouvernement, appuyé par le Vietnam, jusqu'à ce qu'un cessez-le-feu soit finalement obtenu sous la supervision de l'ONU en octobre 1991.
- 11 janvier 1979 : Pol Pot chassé du pouvoir
- Alors que l’armée Vietnamienne a chassé Pol Pot du pouvoir, des militants khmers rouges dissidents forment un nouveau gouvernement. Si le Cambodge ne connaît pas pour autant la paix intérieure, le régime totalitaire et sanglant de Pol Pot est renversé. Il affiche un bilan tragique estimé à environ 2 millions de morts, alors que le pays ne comptait que 7 millions d’habitants.
- 1985 : Pol Pot abandonne la direction de la guérilla khmère rouge
- juin 1997 : Pol Pot fait abattre Son Sen
- Ses propres partisans décident alors de l’assigner à résidence à perpétuité.
- 15 avril 1998 : Mort de Pol Pot
- Le tyran khmer rouge meurt d’une crise cardiaque dans sa résidence. Responsable d’un régime sanguinaire qui a ravagé le Cambodge de 1975 à 1979, accusé « d’auto-génocide » pour ses crimes contre la population cambodgienne, il ne fut jamais jugé. Quelques rumeurs de manipulation rôdent autour de cette mort : Pol Pot risquait en effet un procès et son corps fût incinéré avant qu’une autopsie indépendante ait pu être réalisée.