Cardinal de Richelieu : mousquetaires, La Rochelle... La vraie biographie du ministre de Louis XIII
BIOGRAPHIE CARDINAL DE RICHELIEU - Prélat et homme d'Etat français, le principal ministre de Louis XIII a renforcé le pouvoir royal et fondé l'Académie française. Retour sur son parcours mouvementé.
Biographie courte du cardinal de Richelieu - Le cardinal de Richelieu, de son vrai nom Armand Jean du Plessis, est né le 9 septembre 1585 à Paris et mort le 4 décembre 1642 à Paris. Il fut une figure d'autorité importante de la monarchie du XVIIe siècle aux côtés du roi Louis XIII. Auprès du monarque, le cardinal de Richelieu fut "principal ministre d'Etat" et considéré comme l'homme fort des réformes opérées au milieu du XVIIe siècle. Fin diplomate, homme intransigeant favorable à une monarchie forte et absolue, il s'imposa à la tête du pouvoir en justifiant ses décisions les plus impopulaires par la raison d'Etat. Il mena de front les guerres contre les Habsbourg, réprima d'une main de fer les révoltes paysannes et étouffa les velléités de la noblesse mais aussi des protestants dans le pays.
La jeunesse de Richelieu
Armand Jean est le quatrième d'une famille de six enfants, famille d'ancienne noblesse - noblesse de robe et d'épée - mais pauvre, d'origine poitevine et parisienne. Son père, François du Plessis, seigneur de Richelieu, est le Grand prévôt de France et sa mère, Suzanne de La Porte, est fille d'avocat au Parlement. Il perd son père jeune, en 1590, d'une fièvre pernicieuse (une forme grave de paludisme) mais la générosité financière royale lui permet de bien vivre. En septembre 1594, son oncle Amador de La Porte l'envoie au collège de Navarre pour étudier la philosophie. Puis il reçoit une formation par Monsieur de Pluvinel à l'académie équestre où il a accès à tout un tas d'enseignement comme la danse, l'escrime, la littérature... dans le but d'effectuer une carrière militaire.
C'est grâce à son frère, Alphonse-Louis du Plessis, qu'il se tourne vers une carrière religieuse. En effet, son frère refuse l'évêché de Luçon, donné à la famille par le roi Henri III en 1584, préférant une plus vie plus austère parmi les moines de la Grande Chartreuse. Ainsi, attiré par la perspective de devenir évêque, il commence des études de théologie en 1605 et obtient en 1607 son doctorat à la Sorbonne. Le 18 décembre 1606, il est donc nommé évêque de Luçon par le roi Henri IV et le 17 avril 1607, il obtient, du cardinal de Givry, l'investiture canonique. Sans être un pieux fervent, il fut tout de même un évêque attaché à ses devoirs. Il fait d'ailleurs figure de réformateur catholique, notamment pour avoir mis en place les réformes institutionnelles que le Concile de Trente avait instaurées entre 1545 et 1563, devenant, de fait, le premier évêque de France à les exécuter.
Richelieu, l'homme politique
Richelieu commence sa carrière politique en étant élu député du clergé poitevin, aux Etats généraux de Paris, en août 1614, puis il devient dans le même temps porte-parole de l'assemblée. Il est ensuite au service de Marie de Médicis. Épouse du roi Henri IV, elle devient régente suite à l'assassinat du roi, le 14 mai 1610, par François Ravaillac de coups de poignard. Son fils Louis XIII, alors âgé de 9 ans, étant trop jeune pour gouverner, elle devient régente. En novembre 1615, elle fait de Richelieu le Grand Aumônier de la jeune reine Anne d'Autriche. Concino Concini, époux de la dame d'atours de Marie de Médicis et favori de la régente, possède une grande influence politique. Le 25 novembre 1616, il nomme Richelieu ministre des Affaires étrangères au Conseil du roi. Mais Louis XIII se trouve dans l'ombre de Concini. Pour appuyer son pouvoir, il décide donc de le faire assassiner, le 24 avril 1617 et devient ainsi roi. Richelieu et Marie de Médicis ne sont pas en bons termes avec Louis XIII : celui-ci trouve que sa mère monopolise le pouvoir et que Richelieu exerce une emprise tyrannique sur lui. La mère de Louis XIII et Richelieu partent donc en exil
au château de Blois.
A force d'efforts et de diplomatie, Richelieu parvient à réconcilier le roi et sa mère, d'abord par le traité d'Angoulême le 30 avril 1619, où Louis XIII cède les villes d'Angers, de Chinon et des Ponts-de-Cé à la reine mère. Cependant, celle-ci ne peut plus revenir au Conseil. Insatisfaite, Marie de Médicis relance les hostilités. Le 10 août 1620, Richelieu organise une nouvelle réconciliation, avec le traité d'Angers où le monarque autorise cette fois-ci le retour de Marie de Médicis à la cour du roi. Le cardinal de Richelieu obtient grâce à cela une réputation de bon négociateur. Le 12 décembre 1622, il est intronisé cardinal à Lyon par le pape Grégoire XV, grâce à Marie de Médicis. Celle-ci conseille également à son fils, Louis XIII, d'avoir Richelieu à ses côtés. Mais le roi ne lui fait toujours pas confiance. Le cardinal de Richelieu n'entre donc de nouveau au Conseil du roi que le 29 avril 1624.
Le siège de la Rochelle
Grâce à sa nouvelle position, le pouvoir de Richelieu s'accroît, notamment après qu'il a gagné la confiance de Louis XIII. Il lui propose donc un programme qui possède trois lignes directrices : la déchéance des protestants, de la noblesse et de la maison des Habsbourg. Richelieu lutte vigoureusement contre le protestantisme et il va s'occuper en particulier de la ville de La Rochelle. Cette commune est le bastion du protestantisme, elle est en relation avec les Provinces-Unies des Pays-Bas, qui sont calvinistes, et l'Angleterre. Grâce à l'édit de Nantes, les cités protestantes se sont transformés en "Etat dans l'Etat", Richelieu y voit donc une menace pour le pouvoir royal. En effet, en mai 1621, La Rochelle proclame son indépendance et l'établissement d'une constitution de la "Nouvelle République de La Rochelle".
Le mois suivant, Louis XIII demande au Duc d'Epernon de faire le siège de la ville puis il confie le commandement militaire au cardinal de Richelieu. Le 12 juillet 1627, l'île de Ré voit le débarquement des anglais sur leur terre. Richelieu débute donc le siège de la ville, fait fortifier les îles de Ré et d'Oléron et coupe toutes les voies de communications terrestres. Pour empêcher le ravitaillement par la mer, Richelieu fait également construire une digue. Les secours anglais ne tardent pas mais ils échouent par trois fois, entraînant leur retrait et contraignant la ville, qui subit la famine, à capituler sans condition le 28 octobre 1628. Il ne reste plus que 5 400 survivants sur 28 000 habitants. Louis XIII leur accorde son pardon puis conclut la paix d'Alès le 28 juin 1629, supprimant leurs privilèges et les places de sûreté protestantes mais laissant aux protestants la liberté de culte établie par l'édit de Nantes.
La journée des Dupes
Par sa dernière proposition, celle de la déchéance de la maison des Habsbourg, la relation du cardinal de Richelieu avec Marie de Médicis est altérée. Le cardinal de Richelieu scelle ensuite la fin de ce lien en la trahissant par ce qu'on appelle "la journée des Dupes". Cette journée se produit les dimanche 10 et lundi 11 novembre 1630. Le roi Louis XIII doit renforcer sa position et son pouvoir de souverain dans son royaume et pour cela évincer ses adversaires politiques. Mais Marie de Médicis n'est pas en accord avec la politique de Richelieu qui concerne les Habsbourg, elle demande donc à son fils de destituer le cardinal. Lui ayant accordé pleinement sa confiance, il préfère garder Richelieu à ses côtés. Il en résulte donc, après plusieurs bras de fer, l'exil de sa mère Marie de Médicis à Compiègne.
Richelieu, fondateur de l'Académie française
Inspiré d'un groupe littéraire appelé le "cercle Conrart", initié par Valentin Conrart, en 1629, le cardinal de Richelieu crée l'Académie française le 29 janvier 1635, par lettres patentes signées de la main du roi. La mission de l'Académie est d'harmoniser la langue française et de la rendre compréhensible pour tous. De plus, dans ses statuts, l'article 24 ajoute que "la principale fonction de l'Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences". Sous autorité royale, elle fut longtemps sous son influence.
Mort du cardinal de Richelieu
Dans les dernières années de sa vie, Richelieu souffre de plusieurs maladies - tuberculose intestinale, ténesme, fièvres récurrentes, rhumatismes, goutte, migraine. Il décède le 4 décembre 1642, d'une probable tuberculose pulmonaire. A cause de ses exigences politiques, il fut tellement impopulaire que le peuple aurait allumé des feux de joie à l'annonce de sa mort. Le cardinal Mazarin prendra sa suite comme ministre et homme de pouvoir.
Richelieu et les Trois Mousquetaires
Le personnage du cardinal de Richelieu, et certains événements comme le siège de La Rochelle, ont inspiré Alexandre Dumas pour son ouvrage Les Trois Mousquetaires. Ce serait grâce à Richelieu, qui met fin aux duels par un édit de Louis XIII, qu'Alexandre Dumas aurait eu l'idée des Trois Mousquetaires, l'histoire rendant hommage à cette pratique. De plus, Richelieu a une place importante dans le roman. Il est décrit comme un homme d'Etat par excellence, à la fois machiavélique et empli de sa mission gouvernementale. Dumas lui donne l'image d'un "grand cardinal". Il y dépeint une relation avec Louis XIII où le roi est soumis au cardinal alors que dans la réalité historique, c'est plutôt l'inverse. Au début, Louis XIII ne faisait pas confiance à Richelieu, et ce, durant longtemps et bien évidemment, le roi, ayant une image de faible dans l'ouvrage, est en réalité une figure d'autorité dans son royaume.
Grâce à ce roman, Richelieu est resté dans les mémoires en tant que figure d'autorité. S'ensuivirent d'innombrables adaptations et représentations au cinéma, au théâtre, à la télévision, en dessin animé et en BD.
Richelieu peint par Philippe de Champaigne
Peintre et graveur français, Philippe de Champaigne (1602-1674) est le seul autorisé à peindre Richelieu en habit de cardinal. C'est Richelieu qui orchestre sa propre image, afin d'affirmer son autorité. Le portraitiste le représente 11 fois. On peut prendre en exemple le célèbre Triple Portrait du Cardinal de Richelieu vers 1642, ou encore le portrait en pied ci-dessous réalisé vers 1637. Le contraste entre l'imposante robe pourpre et de sa tête, relativement petite, met en avant son envie de montrer sa hauteur et sa grandeur à travers son statut.
Rose, couteaux... Quelques anecdotes sur le cardinal de Richelieu
Un rosier ancien de couleur pourpre porte aussi son nom. Cette rose est un symbole de pouvoir. Le pourpre étant une teinture rare et coûteuse, elle était destinée aux populations riches et royales. Dans l'Eglise, le rouge est réservé aux cardinaux et le violet aux évêques. Le pourpre représente également l'autorité, le pouvoir, d'où le lien avec le cardinal de Richelieu, qui est célèbre pour son habit rouge ou pourpre. Louis Joseph Ghislain Parmentier, le créateur de cette rose, a surement donné le nom du cardinal à sa fleur en raison de l'association couleur/personnalité qui fait que c'est un rosier de caractère, à l'image du cardinal de Richelieu.
Le 13 mai 1610, le cardinal de Richelieu a également été l'inventeur du couteau de table. Agacé par la manie des gens de se curer les dents à table avec la pointe de leur couteau, il a l'idée d'en faire arrondir les lames. Le couteau de table est né. François Ier avait quant à lui fait en sorte que l'assiette trouve sa place à table, et le roi Henri III avait rendu obligatoire l'utilisation de la fourchette. Le couvert individuel apparaîtra sur les tables plus tard, et le verre ne surgira au-dessus des assiettes qu'au XIXe siècle.
Citations célèbres du cardinal de Richelieu
- "Il faut écouter beaucoup et parler peu pour bien agir au gouvernement d'un Etat", dans l'ouvrage Maximes d'Etat.
- "Nul ne voit jamais si clair aux affaires d'autrui que celui à qui elles touchent le plus" dans le livre Maximes d'Etat.
- "Poursuivre lentement l'exécution d'un dessein, et le divulguer, est le même que parler d'une chose pour ne pas la faire" dans l'ouvrage Testament politique.
- "La mort n'a qu'un instant, et la vie en a mille", dans l'ouvrage Maximes d'Etat.
- "Les grands embrasements naissent de petites étincelles", dans le livre Testament politique.
- "L'autorité contraint à l'obéissance, mais la raison y persuade", dans l'ouvrage Maximes d'Etat.
- "Pour tromper un rival, l'artifice est permis. On peut tout employer contre ses ennemis" dans Les Thuilleries.
- "En matière d'Etat, il faut tirer profit de toutes choses, et ce qui peut être utile ne doit jamais être méprisé", dans l'ouvrage Maximes d'Etat.
- "Avec deux lignes d'écriture d'un homme, on peut faire le procès du plus innocent" dans Mémoires pour servir à l'histoire d'Anne d'Autriche.
Cardinal de Richelieu : biographie et chronologie detaillees
- 18 décembre 1606 : Richelieu est nommé évêque de Luçon
- Nommé par le roi Henri IV, sa carrière religieuse commence ainsi, montant les grades par la suite tout au long de sa vie.
- 27 octobre 1614 : Réunion des états généraux à Paris (majuscule à états)
- La réunion des états généraux témoigne de l'affaiblissement de la monarchie française. Depuis l'assassinat d'Henri IV (14 mai 1610), c'est sa veuve, Marie de Médicis, qui assure la régence. Mais les rivalités entre clergé, noblesse et tiers-état empêchent toute avancée. Les états généraux, discrédités, ne seront plus réunis avant 1789. Entre temps, Richelieu, principal ministre de Louis XIII de 1624 à 1642, permettra à la monarchie de reprendre le dessus sur l'aristocratie.
- 23 février 1615 : Clôture des états généraux (majuscule à états)
- Les derniers états généraux d’avant 1789 s’achèvent sur un constat d’échec. Après des années de guerre de religion et l’assassinat d’Henri IV, la monarchie française est fortement affectée et en proie à la division. Cependant, un délégué du Poitou pour le Clergé se fait remarquer par la régente Marie de Médicis et Concini : l’évêque Armand du Plessis. Plus connu sous le nom de cardinal de Richelieu, c’est l’homme qui, au cours des prochaines années, redressera l’Etat pour le mettre sur la voie de l’absolutisme. Nommé par la régente au Conseil un an plus tard, il subira rapidement un échec auprès du roi en 1617, avant un retour en grâce en 1624.
- 29 avril 1624 : Richelieu au poste de ministre
- Louis XIII appelle Richelieu à son Conseil. Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu, 39 ans, prend la tête du Conseil du roi ou Conseil d'en haut. Les deux hommes vont consolider l'autorité royale dans une France mise à mal par les luttes de factions. 20 ans plus tard, ils légueront à Louis XIV et Mazarin un pouvoir quasiment absolu.
- 13 août 1624 : Richelieu, chef du Conseil du Roi
- Le cardinal de Richelieu remplace La Vieuville à la tête du Conseil du Roi. Il était entré au Conseil quatre mois plus tôt, à la demande de Marie de Médicis dont il avait été l'aumônier et qui voyait en lui un moyen d'exercer son influence au sein du gouvernement. Mais Richelieu se mettra totalement au service de Louis XIII / qui éloignera sa mère du pouvoir. Ils gouverneront ensemble pendant 18 ans.
- 6 février 1626 : Richelieu interdit les duels
- Le comte de Montmorency-Bouteville, 28 ans et 22 duels à son actif, est décapité place Royale. Richelieu, le premier ministre de Louis XIII, veut ainsi mettre un terme à l'hécatombe que provoquent les duels chez les jeunes nobles, privant ainsi le roi de ses meilleurs soldats. Sur une proposition de Richelieu, Louis XIII fait interdire les duels en France. Au XVIIe siècle, huit édits royaux condamneront cette pratique.
- 29 avril 1627 : Fondation de la Compagnie de la Nouvelle-France ou des Cent-Associés
- Richelieu fonde la Compagnie de la Nouvelle-France, aussi appelée Compagnie des Cent-Associés. Alors ministre de Louis XIII, il souhaitait développer les colonies françaises sur le territoire canadien. Ainsi, durant quinze ans, la compagnie devait bénéficier du monopole sur le commerce des fourrures, très rentable à l’époque. Elle devait également attirer de nouveaux colons mais ce sera en vain, en partie à cause des Britanniques. La Compagnie des Habitants prendra le relais, également sans succès. Finalement, Colbert prendra le contrôle du territoire au nom du roi de France Louis XIV, en 1663.
- 10 août 1627 : Richelieu entame le siège de La Rochelle
- Parmi les facteurs de troubles à l’intérieur du royaume de France, les protestants tiennent une bonne place, selon Louis XIII et Richelieu. Ces derniers décident donc de faire le siège de la ville afin d’infliger une défaite aux Huguenots et de détruire le pouvoir politique des protestants. Grâce à des moyens importants, avec notamment la construction d’une digue limitant le passage des navires vers la ville, et malgré la résistance des habitants, La Rochelle tombera, affamée, quinze mois plus tard.
- 28 octobre 1628 : Louis XIII prend La Rochelle
- Après plus d'un an de siège, La Rochelle, ravagée par la famine, capitule devant le roi de France. Richelieu exige la reddition des protestants sans condition. Il entrera dans la ville le lendemain. Le siège, qui a débuté le 10 août 1627, entraînera la mort de 19 000 Rochelais.
- 28 juin 1629 : Paix d'Alès
- Suite à la capitulation de la ville protestante d’Alès face à l’armée du roi et de Richelieu, ce dernier signe le traité d’Alès qui met fin aux hostilités. Reconduisant l’édit de Nantes, ce texte a toutefois pour objectif de réduire au minimum le pouvoir politique des protestants, déjà affaiblis après le siège de La Rochelle. Ainsi, si la liberté de culte est conservée et l’égalité civique assurée, les places fortes et le pouvoir militaire des protestants sont anéantis.
- 21 novembre 1629 : Richelieu devient conseiller du roi
- Louis XIII nomme le cardinal Richelieu "principal ministre d'état" et "conseiller en nos dits conseils". Le 26, il sera fait duc et "pair de France" (terme désignant les vassaux les plus importants du roi).
- 11 novembre 1630 : Journée des dupes
- La reine-mère Marie de Médicis et le cardinal Richelieu se querellent sur la question de l'Espagne et la politique des Habsbourg. Favorable à la paix, la reine décide de révoquer son chef du Conseil, partisan d'une guerre contre Philippe IV d'Espagne. Mais le roi Louis XIII choisit de garder Richelieu au sein de son gouvernement et écarte sa très influente mère du pouvoir. Trahie alors qu'elle espérait l'emporter aux yeux de son fils, Marie de Médicis part pour le château de Compiègne.
- 30 mai 1631 : La Gazette, le premier journal français
- Le médecin du roi, Théophraste Renaudot, obtient du ministre Richelieu le monopole de la presse. Il lance la feuille d'information hebdomadaire La Gazette, qui tire son nom de "gazetta", une monnaie qui équivaut à Venise au prix d'un journal. La Gazette sera l'organe officieux du pouvoir, Louis XIII y écrira régulièrement. Un prix littéraire, le prix Renaudot, fondé en 1925, perpétue la mémoire du fondateur de la presse française.
- 30 octobre 1632 : Montmorency est décapité
- Le gouverneur du Languedoc, Henri de Montmorency, est exécuté dans la cour d'honneur du Conseil municipal de Toulouse, le Capitole. Il est accusé de désobéissance au roi Louis XIII et à Richelieu. Montmorency avait fomenté un complot contre le cardinal avec Gaston d'Orléans, le frère de Louis XIII. Mais il fut fait prisonnier lors de la bataille de Castelnaudary, alors que le frère du roi s'enfuyait vers les Pays-Bas.
- 29 janvier 1635 : Fondation de l'Académie Française
- Sur les conseils de Richelieu, Louis XIII crée une nouvelle institution : l'Académie française. Le cardinal est nommé "père et protecteur" de l'Académie, qui compte 40 membres élus à vie. L'institution a pour but de donner à la langue française des règles précises afin qu'elle puisse à terme se substituer au latin. Sa première tâche sera de rédiger un dictionnaire. Mais l'Académie se doit aussi de donner son avis sur les livres. Pour Richelieu, elle constitue un moyen de contrôle sur toute espèce de réunion, même intellectuelle.
- 1 mai 1635 : Création de la chapelle de la Sorbonne
- Le cardinal de Richelieu, proviseur de la Sorbonne, pose la première pierre de la chapelle, en présence de l'architecte Jacques Lemercier. Les travaux seront terminés en 1653. La chapelle renferme aujourd'hui le tombeau du cardinal, mort en 1642, un mausolée de marbre sculpté par François Girardon. Elle sert pour des réceptions et des expositions.
- 16 mai 1635 : La France entre dans la Guerre de Trente Ans
- Après les défaites de belligérants qu’elle soutient depuis plusieurs années, la France entre directement dans la guerre de Trente ans, en s’attaquant à l’Espagne. Richelieu est soucieux de donner à la France un territoire suffisamment important pour la mettre à l’abri de ses ennemis et a pour objectif de réduire la puissance des Habsbourg. Mais le conflit s’engage mal pour le pays, qui subit plusieurs défaites. Toutefois, malgré les révoltes des paysans affectés économiquement par le conflit, la France reprendra le dessus pour être dans le camp des vainqueurs en 1648.
- 16 juillet 1639 : Révolte des va-nu-pieds
- Exaspérée par l’empilement de nouvelles taxes destinées à soutenir l’effort de guerre, la population de Normandie s’agite. Lorsque la décision de rétablir la gabelle dans cette région est annoncée, les habitants d’Avranche décident de se rebeller et assassinent un agent du fisc. C’est le début de la révolte des va-nu-pieds, qui va secouer la Normandie pendant plusieurs mois, notamment dans les villes d’Avranche, Rouen ou Bayeux. Face aux dépenses engendrées par la guerre de Trente ans, de nombreuses révoltes et jacqueries ont éclaté en France depuis 1635, mais l’action des va-nu-pieds prend de l’ampleur. Richelieu adopte alors la stratégie de la force et donne des pouvoirs exceptionnels à Gassion ou encore Séguier pour écraser les insurgés. Les violences prendront fin en janvier suivant.
- 4 décembre 1642 : Mort de Richelieu
- Après avoir passé dix-huit ans au service de l’Etat, le cardinal de Richelieu meurt à Paris. Aux cours de ses années aux côtés de Louis XIII, Richelieu a travaillé à l’unification de la France et à la toute puissance de la Monarchie. Il fut aussi le principal acteur de l’extension et de la puissance du pays au sein de l'Europe, puissance qui sera assurée en 1648. Préparant le terrain de l’absolutisme de Louis XIV, Richelieu fut aussi un despote qui se fit de nombreux ennemis parmi la noblesse. Certains affirment par ailleurs que le peuple alluma des feux de joie pour fêter l'annonce de son décès.