Marine Le Pen : jeunesse, vie privée et parcours politique
Marine Le Pen est la principale figure du Rassemblement national, trois fois candidate à l'élection présidentielle et deux fois qualifiée au second tour de celle-ci, elle a recueilli 21,30% des voix au premier tour et 33,90% des voix au second tour en 2017, puis 23,15% et enfin 41,45% des voix en 2022. Elue députée de la 11e circonscription du Pas-de-Calais en juin 2017 et réélue en juin 2022, elle a été désignée la même année présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée nationale. Un groupe de 88 élus, niveau encore jamais vu pour le parti d'extrême droite dans la Ve République.
Marine Le Pen a repris le flambeau du Front national de son père, Jean-Marie Le Pen, en janvier 2011. Parti qu'elle a rebaptisé Rassemblement national en 2018 après un long processus de "dédiabolisation" et dont elle a lâché les rênes en septembre 2021, pour mieux se consacrer à ses campagnes électorales puis à ses fonctions au sein de l'Assemblée. Députée européenne de 2004 à 2017, elle a aussi siégé comme conseillère régionale, en Ile-de-France pour un mandat (2004-2010), mais surtout en Nord-Pas-de-Calais puis dans les Hauts-de-France, de 1998 à 2004 et de 2010 à 2021. Elle tentera par trois fois de briguer la tête de la région, en vain. Marine Le Pen a aussi été élue conseillère départementale du Pas-de-Calais en juillet 2021.
Une jeunesse marquée par la politique
Marion Anne Perrine Le Pen - son vrai nom -, est née à Neuilly-sur-Seine le 5 août 1968 et a très vite été baptisée Marine Le Pen. La fille de Jean-Marie Le Pen est née dans une famille de trois enfants, trois filles, et a donc deux soeurs : Marie-Caroline Le Pen, née le 23 janvier 1960 et Yann Le Pen, née le 18 novembre 1963. Toutes auront joué un rôle de près ou de loin dans le projet politique de leur père, comme dans l'interminable saga familiale. Marine Le Pen, au premier chef, doit tout à son père en politique. C'est dans son sillage qu'elle s'est fait connaître, qu'elle a tissé ses réseaux et qu'elle s'est forgée une carrière politique.
Dès l'âge de 13 ans, Marine Le Pen assistait ainsi son père dans une campagne électorale. Mais elle se sera aussi plusieurs fois épanché sur sa jeunesse "difficile", confrontée qu'elle était aux animosités que suscitait Jean-Marie Le Pen, homme de scandales et de controverses.
Rescapée de l'attentat de la Villa Poirier en 1976
Le 2 novembre 1976, l'appartement parisien de Jean-Marie Le Pen, situé à la Villa Poirier, dans le XVe arrondissement de Paris, est la cible d'un attentat. L'un des pires qu'ait connu Paris depuis la guerre. Les vingt kilos d'explosifs détruisent une grande partie de l'habitation, mais ne feront heureusement aucune victime, mis à part quelques blessés légers. Jean-Marie Le Pen est clairement visé, mais la presse préfère titrer alors sur un bébé miraculé.
Marine Le Pen avait alors 8 ans. Elle restera très marquée par cet événement et a plusieurs fois évoqué dans les médias cet instant où son lit d'enfant s'est retrouvé "plein de verre". "Il a fallu cette nuit d'horreur pour que je découvre que mon père faisait de la politique. Et c'est là, à l'âge des poupées, que je prends conscience de cette chose terrible et incompréhensible pour moi : mon père n'est pas traité à l'égal des autres, nous ne sommes pas traités à l'égal des autres", écrira-t-elle aussi dans son autobiographie, "A contre flots", parue en 2006, évoquant "un élément majeur de [s]a propre construction".
Fêtarde et avocate des sans-papiers avant le FN
Marine Le Pen a suivi sa scolarité au lycée Florent-Schmitt de Saint-Cloud pour étudier ensuite le droit et devenir avocate. La suite, étonnante, est notamment racontée par les journalistes David Doucet et Mathieu Dejean, auteurs de "La politique malgré elle, la jeunesse cachée de Marine Le Pen" (édition La Tengo), sorti en 2016. Leur enquête dans le passé de Marine Le Pen confirme que ses études furent peu brillantes et que la future prétendante à l'Elysée avait un goût immodéré pour la fête. Outre diverses références succinctes aux sports d'hiver, plusieurs passages des bios et portraits qui lui ont été consacrés ont décrit, des années 1990 au début des années 2000, une "lofteuse" voire une "night-clubbeuse", agaçant ses ennemis politiques.
En tant qu'avocate, Marine Le Pen a aussi défendu des sans-papiers. En 1995, Maître Le Pen sauvera ainsi un client algérien, Nourredine Hamidi, d'une expulsion qui lui était promise depuis... 24 ans ! Un combat qu'elle ne considère pas, à l'époque, "en contradiction" avec ses idées.
Il faut dire que jusqu'à la fin des années 1990, Jean-Marie Le Pen pensait avant tout à son aînée, Marie-Caroline, pour lui succéder, jusqu'à ce que celle-ci rejoigne le félon Bruno Mégret, lors de la scission de 1998. C'est à cause de cette trahison, mais aussi parce que sa carrière d'avocate piétinait que Marine Le Pen se résoudra à travailler au FN. D'abord comme petite main. En 1998, elle devient donc permanente du parti "pour l'alimentaire" et obtient son premier mandat politique comme conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais. Au FN, elle sera d'abord employée par le service juridique.
Qui sont les membres de la famille de Marine Le Pen ?
Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen et de Pierrette Le Pen. Elle a deux soeurs plus âgées qu'elle, Marie-Caroline et Yann Le Pen. Ses deux parents se séparent alors qu'elle est âgé de 17 ans.
Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen
Avec ses parents, Marine Le Pen a toujours eu une relation compliquée. Le Front national l'a démenti à l'époque, mais elle a par exemple claqué la porte du parti très tôt, dès le début de l'année 2005. Membre du bureau exécutif tentant de lisser l'image du FN depuis la cinglante défaite de 2002, elle était alors scandalisée par les propos de Jean-Marie Le Pen qui, interviewé par l'hebdomadaire français d'extrême droite Rivarol en janvier, relativisait l'occupation allemande - Jean-Marie Le Pen avait plus précisément qualifié l'occupation ennemie de "pas si inhumaine", provoquant un véritable tollé. Fâchée, Marine Le Pen aurait même quitté pendant quelques jours la villa familiale de Saint-Cloud avec ses enfants, où elle vivait alors en voisinage avec son père (elle vit aujourd'hui hors de Montretout, à la Celle-Saint-Cloud).
En plus des attaques liées à son patronyme sulfureux, Marine Le Pen s'est forgé une conviction, politique cette fois : la fille de Jean-Marie Le Pen, qui a monté les échelons au sein du parti de son père pendant des années, est déterminée à faire exploser le "plafond de verre" qui le réduisait aux seconds rôles et de la nécessaire dédiabolisation du FN. Elle s'est employée dès lors à faire oublier les outrances et les dérapages, la ligne pétainiste et parfois révisionniste du mouvement, pour lui offrir un nouveau visage.
Marine Le Pen va ainsi tenter de purger le parti de ses éléments les plus embarrassants dès sa prise de pouvoir sur le FN en 2011. A commencer par son père lui-même, devenu la même année président d'honneur du mouvement. Ce dernier est rapidement devenu problématique dans cette stratégie de "dédiabolisation", continuant à défendre le maréchal Pétain ou proposant dans une vidéo en juin 2014 de faire une "fournée" du chanteur Patrick Bruel... Marine Le Pen préférera finalement exclure Jean-Marie Le Pen du parti qu'il avait lui-même fondé le 20 août 2015, à cause de ses propos sur les chambres à gaz, qualifiées de "détail" de la Seconde Guerre mondiale.
L'affaire se réglera devant la justice. Celle-ci validera dans un premier temps l'exclusion de Jean-Marie Le Pen en novembre 2016, tout en le confirmant comme président d'honneur. Mais cette fonction sera finalement supprimée en mars 2018, lors d'un Congrès, après une longue bataille judiciaire. Le changement de nom du Front national en "Rassemblement national", à l'été 2018, sera vécu comme une "trahison" par le patriarche, alternant depuis les critiques et les soutiens timides, en marge des campagnes électorales de sa fille. Jean-Marie Le Pen a présidé le parti d'extrême droite pendant 39 ans.
Marine Le Pen et sa mère Pierrette
Avec sa mère Pierrette Le Pen, les relations de Marine Le Pen auront été tout aussi complexes pendant quinze ans. Pierrette Lalanne, la première femme de Jean-Marie Le Pen, a provoqué le scandale dans les années 1980 en posant en soubrette dans Playboy, alors que son mari s'apprêtait à briguer la présidence de la République. Le couple était alors en instance de divorce et la provocation faisait office de vengeance. Pierrette Le Pen a quitté le domicile familial quand Marine Le Pen, avait 16 ans. "Elle est partie du jour au lendemain. Ma sœur est venue me chercher au collège et m'a dit 'maman est partie'", racontera la présidente du RN.
Pendant quinze ans, Pierrette n'a plus donné de nouvelles directes. "Je me suis retrouvée avec mon père avec qui je n'avais pas des relations du quotidien", a commenté Marine Le Pen. Quinze ans plus tard, leur mère s'étant rapprochée de Marie-Caroline, l'aînée, ce fut le temps des retrouvailles, à propos desquelles la chef de file des frontistes a dit : "Vous ne voyez pas votre mère pendant 15 ans. Vous la revoyez et c'est comme si vous l'aviez vue hier". Si Marine Le Pen avoue n'avoir jamais eu de réelle explication sur cette interminable absence, elle a dit depuis entretenir "une super relation" avec sa mère.
Qui est le compagnon de Marine Le Pen ?
Marine Le Pen s'est mariée en 1997 au dirigeant d'entreprise Franck Chauffroy, avec qui elle aura trois enfants (lire plus bas). En 2000, elle divorce et se remarie en 2002 avec l'ancien conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais, Eric Iorio. Après un nouveau divorce en 2006, elle se met en couple à partir de 2009 avec Louis Aliot, alors secrétaire général du FN, qui deviendra en 2011 vice-président du parti. Les deux cadres frontistes avaient officialisé leur relation en 2010. C'est Louis Aliot qui annoncera en revanche leur rupture près de dix ans plus tard, le 11 septembre 2019.
Toulousain, chiraquien, avant d'adhérer au Front national en 1988, Louis Aliot se fera élire conseiller régional de Midi-Pyrénées dans les années 1990, puis sera nommé coordinateur de campagne de Jean-Marie Le Pen en 2001. Il deviendra ensuite l'assistant parlementaire européen du patriarche, en 2004. Louis Aliot a aussi été rémunéré comme assistant parlementaire de Marine Le Pen entre 2011 et 2013. Selon le Canard Enchaîné, il touchait alors 5000 euros brut pour un mi-temps. L'Organisme antifraude de l'Union européenne (Olaf) avait, en 2013, épinglé Marine Le Pen pour cette collaboration. La dirigeante du RN avait alors argué du fait que sa relation avec Louis Aliot ne pouvait être qualifiée de "relation stable", puisqu'elle n'était ni mariée ni pacsée. Louis Aliot a été député européen entre 2014 et 2017, année qui le voit entrer à l'Assemblée nationale aux côtés de Marine Le Pen. Il a aussi été élu conseiller municipal de Perpignan en 2014 puis maire de la ville en 2020.
Dans l'émission "Une ambition intime" diffusée sur M6 en novembre 2021, Marine Le Pen expliquait qu'elle était célibataire, et vivait en colocation avec Ingrid, une grande amie d'enfance considérée comme "une sœur". Et d'ajouter : "Il n'y a pas d'homme dans cette maison. Que des femmes. Même les chats sont des chattes !"
Qui sont les enfants de Marine Le Pen ?
Marine Le Pen est la maman de Jehanne, prénom orthographié comme l'était "Jeanne d'Arc" dans les temps anciens, née en 1998, ainsi que des jumeaux Louis et Mathilde, nés en 1999. Plusieurs passages leur sont consacrés dans l'autobiographie de Marine Le Pen, "A contre flots", publiée en 2006. Mais difficile d'en savoir plus sur eux tant Marine Le Pen a toujours veillé à maintenir le plus grand secret sur sa progéniture, n'hésitant pas à saisir les tribunaux quand, par exemple, on dévoile le nom de famille de ses enfants.
Marine Le Pen a levé un petit coin du voile lors de la campagne présidentielle de 2017, indiquant que son fils Louis était "une baraque" passionné par le rugby. "Mon fils joue assez bien et régulièrement, c'est une baraque !", avait-elle ainsi lâché sur France Bleu en avril. "Ma fille était capitaine de l'équipe qu'elle a constituée dans son internat", avait-elle ajouté.
En octobre 2018, l'AFP et BFMTV ont rapporté qu'une fille de Marine Le Pen et un de ses cousins avaient été violemment agressés, à Nanterre. Il était question d'une "bagarre" lors de laquelle les deux jeunes membres de la famille Le Pen ont été "frappés au visage", sans qu'on connaisse pour autant la cause exacte de l'altercation. La fille de Marine Le Pen, dont le prénom n'a pas été cité, a "reçu des coups de poing" et "a été transportée par les pompiers à l'hôpital". "Tirée par les cheveux, mise au sol et rouée de coups", elle a subi une de fracture du nez. Les hommes à l'origine des coups, deux individus de 32 et 47 ans, ont été condamnés en février 2019 à 15 mois de prison assortis de 7 mois de sursis simple pour agression aggravée.
Quel est l'âge et quelle est la taille de Marine Le Pen ?
Marine Le Pen est née le 5 août 1968, elle a 43 ans quand elle se présente pour la première fois à l'élection présidentielle, en 2012. Cette année là, comme en 2017, elle sera donc l'une des plus jeunes candidates à l'élection présidentielle. Parmi les prétendants les plus importants à la présidence de la République, seul Emmanuel Macron était plus jeune (39 ans). C'est justement lui qu'elle retrouvera au second tour en 2017 comme en 2022, avec les résultats qu'on connait...
Marine Le Pen mesure 1,74 m, comme sa nièce Marion Maréchal-le Pen. Son père, Jean-Marie, mesure lui 1,77 m. On remarquera au fil des élections présidentielles que la candidate fait exactement la même taille que... Jean-Luc Mélenchon.
Quel est le patrimoine de Marine Le Pen ?
Dans sa déclaration de patrimoine et d'intérêts de candidate à la présidentielle 2022, Marine Le Pen avait déclaré un total de 1,29 million d'euros de biens immobiliers : une maison dans les Yvelines, dont elle possédait 25% en indivision, soit 565,801 euros ; une maison familiale de 120 m² à La Trinité-sur-Mer (Morbihan), dont Marine Le Pen était copropriétaire avec ses sœurs en indivision - elle en possédait 28,5%, soit une valeur de 111,883 euros ; et la villa familiale de Montretout, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Avec sa sœur Yann, elle était alors partie prenante dans la "SCI du pavillon de l'Ecuyer", propriétaire de la demeure de 633 m². Leur père avait hérité de ce somptueux domaine de 5000 m² à la fin des années 1970, dans des conditions restées opaques. Marine Le Pen en possédait début 2022 l'équivalent de 12,50% en indivision, soit 616 800 euros.
Marine Le Pen n'a en revanche déclaré à l'époque aucun logement en pleine propriété, tous ayant été reçus en donation.
Selon sa déclaration d'intérêts et d'activités, consultable sur le site de la HATVP (Haute autorité pour la transparence de la vie publique), la candidate d'extrême droite disait percevoir un revenu confortable de 9 879 euros en moyenne chaque mois. Son salaire reposant sur deux activités principales : présidente du Rassemblement national qu'elle n'était déjà plus (18 000 euros en 2017 puis 60 000 euros par an de 2018 à 2021) et député (près de 70 800 euros par an net imposable). La candidate touchait, enfin, de l'argent en tant que conseillère départementale (20 764 euros net annuel).
Quelles sont les idées et le programme de Marine Le Pen ?
Avec la stratégie de "dédiabolisation" du Front national entamée en 2011, Marine Le Pen a progressivement infléchi la ligne du parti. Une inflexion visible notamment dans le champs économique : partant d'un libéralisme revendiqué dans les années 1980, le programme du FN puis du RN est devenu ouvertement interventionniste et protectionniste, sa candidate ciblant les classes moyennes modestes et les travailleurs de la France dite "périphérique". Certains cadres frontistes historiques auront reproché à Marine Le Pen d'avoir fait bien trop de place aux idées défendues par l'ancien chevènementiste Florian Philippot, un temps pressenti pour devenir un pilier, si ce n'est le Premier ministre d'un hypothétique gouvernement, mais démissionnaire du FN à la rentrée 2017, au cours d'un règlement de comptes sanglant.
La question de la sortie de l'euro a, elle, fait l'objet d'un grand débat interne au FN dans l'entre-deux tours de la présidentielle 2017. En janvier 2019 Marine Le Pen a finalement tranché, déclarant que l'euro est "un boulet", mais qu'en sortir n'est "plus une priorité".
Reste que la matrice idéologique du RN est toujours articulée sur quelques fondamentaux : la priorité nationale en matière d'emploi et d'aides sociales, la restriction à l'extrême de l'immigration, une conception de la Nation très identitaire, fondée sur une vision idéalisée et traditionaliste de la France, la dénonciation de l'Union européenne et des institutions de la République.